Pros et antis-corrida dans l’arène de la justice administrative, à cause de l’entêtement de deux hommes et d’une majorité municipale passive.

Le Crac Europe et l’Alliance anti-corrida avaient saisi la juridiction via un référé suspension visant à interdire la tenue de la manifestation dans les arènes, le 15 juillet prochain. L’audience s’est tenue ce matin devant le Tribunal administratif de Montpellier.

Y aura-t-il une corrida le 15 juillet prochain dans les arènes de Pérols ?
Cette question a (gentiment) agité, hier matin, le mundillo de la justice administrative montpelliéraine.
Ou pros et anti-corridas – Comité radicalement anti-corrida et Alliance anticorrida d’un côté, commune de Pérols de l’autre – se sont tour à tour portées des piques avec force arguments voire arguties.

Pour les demandeurs, la chose est entendue : l’absence de continuité de tradition locale « depuis plus de vingt ans (depuis 2003 en fait, NDLR) », suffit, a ainsi estimé Me Thouy conseil du Crac Europe.

« C’est comme si Marlboro vous produisait
une note sur l’absence de nocivité du tabac ! »

Et l’avocate de bétonner : « Il y a urgence à agir avant que ce potentiel délit (l’acte de cruauté envers un animal est puni de cinq ans d’emprisonnement au maximum, NDLR) que ce potentiel délit se commette, sachant qu’il n’y aura pas de décision sur le fond avant le 15 juillet.
Pérols nous explique que les taureaux ont été choisis pour leur dangerosité puisque surnommés les tueurs de toreros ».


L’auxiliaire demandant également au juge administratif de se prononcer contre l’illégalité des délibérations municipales votées pour la tenue de ce rendez-vous.

Puis de se gausser et porter l’estocade à son contradicteur au sujet d‘une prétendue tradition locale et les recommandations émises par l’Union des villes taurines de France : « C’est comme si Marlboro vous produisait une note sur l’absence de nocivité du tabac ! ».

« On en est à vous produire des photos
de têtes de taureaux (…) et de paella ! »

Quant à la présence d’un club taurin pour justifier cette manifestation… « Il a cent ans mais aucun rapport d‘activité !
Sur les 9 400 habitants de Pérols, le club ne compte que cinquante membres, cela représente 0,52 % des habitants de la commune.
On est quand même très, très loin d’une adhésion de la population à la pratique de la corrida. Son arrêt en 2003 s’est fait dans l’indifférence générale, sans bruit ni recours.
Pour justifier cela, on en est à vous produire des photos de têtes de taureaux installées sur une aire de jeux et de paella ! »

Bref, autant de muletas également, mais différemment, dénoncées par son confrère nîmois Me Belaïche représentant trois Péroliens et l’Alliance anti-corrida.
L’avocat d’inquiétant également du coût de la manifestation pour les fiances publiques : « Les taureaux sont des Muria qu’il va falloir acheter pour quatre-vingt mille euros, soit quatorze mille euros par bête ».
Cela s’en compter sur les salaires, la police d’assurance, le nettoyage des arènes…
« Il y aura des conséquences sensibles pour le budget de la commune.
Le maire parle d’une opération blanche car financée par des mécènes, permettez-moi d’en douter ! »

« Le débat c’est celui de la tauromachie »

La corrida, « cette boucherie » ?
« Une violence que la Société rejette. C’est une évolution des mœurs qui touche tout le monde, même les villes organisatrices ».
La décision municipale ?
« Une délibération lyrique. On a l’impression de lire un roman. »

« Le débat c’est celui de la tauromachie, pas de savoir si c’est la tradition ou pas », estime Me d’Albenas.
Le retour de la corrida ?
« Une demande du club taurin qui va porter l’organisation, pas la mairie ! ». 
Un désintérêt du public pour la chose taurine ?
« La moitié des 1 500 places est déjà réservée et il y a une école taurine en place depuis plus cinquante ans.
Et la jurisprudence régionale est justifiée pour les spécificités locales », embraye l’avocate. 
Fort de ces éléments dialectiques, le juge rendra son ordonnance ce mardi 16 mai.

Important :
Ce samedi 13 mai, une manifestation contre la corrida, déclarée auprès de la préfecture, se déroulera à Pérols.
Les organisateurs donnent rendez-vous aux participants à midi devant les locaux de La Poste.

Une avocate qui s’exprime comme si vous rencontrez Jean-Pierre RICO un après-midi dans Pérols.

Péroliens si vous soutenez le fait qu’une corrida ne vienne pas tacher de rouge notre belle commune, venez toutes et tous demain devant la médiathèque à midi.

Ci dessous le communiqué de l’Alliance Anticorrida.

C’est ce matin que le tribunal administratif de Montpellier examinait le recours de l’Alliance Anticorrida et de trois habitants de Pérols visant à attaquer la délibération du conseil municipal autorisant la reprise des corridas, après 21 ans d’arrêt. Les débats se sont principalement tenus autour de l’existence d’une tradition locale ininterrompue, laquelle peut-être invoquée pour autoriser l’organisation d’une corrida.

 Or le législateur a laissé le soin aux juges d’apprécier et de préciser les contours de cette notion très particulière. On ne peut plus aujourd’hui, compte tenu du brassage des populations, en faire une lecture élargie.

Contrairement à l’Alliance Anticorrida, la municipalité de Pérols n’a versé au dossier aucune preuve ou témoignage d’habitants souhaitant renouer avec la corrida qui s’est éteinte dans l’indifférence générale.

L’avocate de la partie adverse qui se qualifie elle-même d’« aficion » a indiqué : « Si la corrida a cessé à Pérols c’est parce que les taureaux de la dernière novillada avaient été mauvais » Et, pour faire la preuve que Pérols fait partie d’un ensemble démographique où l’on peut organiser des corridas, elle a asséné « Il y a des corridas à Nîmes et à Béziers mais aussi à côté à Palavas et au Grau-du-roi. »

Or ces deux dernières  villes ont cessé de donner des corridas il y a déjà plusieurs années !

Les temps ont changé. Le Pérols de 2023 n’est plus le Pérols des années 2000. C’est l’une des 31 communes qui composent l’Agglo de Montpellier et aucune d’entre elles ne donne de corrida en spectacle.

  « La tenue d’une corrida étant constitutive de sévices graves et d’actes de cruauté pour les animaux, la loi doit s’appliquer en l’espèce. Nous attendons donc du juge administratif qu’il interdise la novillada prévue le 15 juillet 2023 à Pérols » a déclaré Claire Starozinski, présidente de l’Alliance Anticorrida

L’ordonnance sera rendue mardi 16 mai.

Pour autant,  la bataille juridique ne fait que commencer. L’Alliance Anticorrida a introduit un référé.
L’assignation vise le club taurin Lou Razet de Pérols et la société Peliz organisation. L’audience est fixée le 1er juin 2023, à 14 heures, devant le tribunal judiciaire de Montpellier.