Henry-Jean Servat sa lettre ouverte.

Henry-Jean Servat demande un débat à Jean-Pierre RICO, le courrier est parti et reçu depuis quelque temps mais notre maire comme à son habitude n’a toujours pas répondu.

Monsieur le maire Jean-Pierre Rico, 
Je vous espère au mieux. Je crois avoir découvert, peut-être avant vous, les arènes de Pérols où j’ai passé beaucoup de temps, installé en leur beau milieu. 

Au sortir d’université américaine, je suis venu, coeur tout blanc et griffes aux genoux, débuter ma carrière de jeune journaliste à Midi Libre.
Affecté à la rédaction locale de Montpellier, ville où je suis né, je m’y suis occupé des spectacles.

A ce titre et par goût personnel, j’ai donc assisté à un nombre incalculable de galas qui se déroulaient, sous les étoiles. J’ai ainsi vu et entendu chanter, à Pérols, la quasi-totalité des vedettes yé-yés.
J’écrivais l’article le soir même ou le lendemain, selon l’heure de fin du show, non sans être passé par les loges, installées près du toril, où je posais deux ou trois questions à Julien Clerc, Michèle Torr, Johnny et Sylvie, Adamo, Dalida et à quasiment tous les autres venant faire quelques tours sur la piste.

Je bénéficiais de places gratuites de la part du comité des Fêtes et j’emmenais avec moi des journalistes de Midi Libre, des copains et des copines.

Nous étions, alors, jeunes et beaux, enthousiastes et enjoués, et surtout modestes. Le moment était à la légèreté, à la drôlerie, à la grâce, au charme et ce, au long de plusieurs étés répétés, plusieurs années durant. 

Hier, Pérols incarnait la modernité, l’amusement, la joie de vivre et la fête


Pour tous les Péroliens et pour la population à l’entour, ce si joli petit village incarnait la modernité, l’amusement, la joie de vivre et la fête des foules sentimentales.
On s’amusait, on riait, on dansait à Pérols qui nous faisait follement rêver.
J’éprouve, sincèrement, beaucoup de sympathie et d’attachement pour cette commune que je longeais au moins deux fois par jour, en empruntant la voie rapide de Carnon puisque, chaque soir, je rentrais chez moi dormir au bord de la mer.
Il y avait, déjà, un gros taureau de fer installé sur la route ou presque qui nous rappelait les courses Camarguaises et les toros-piscines organisés à Pérols.

Depuis, j’ai grandi, voyagé, travaillé pour d’autres journaux, fait de la télévision et été élu, moi aussi, à Nice, ville magnifique où j’ai la charge et du cinéma et des animaux.

A plusieurs titres donc, je vous adresse ces quelques lignes pour vous demander quelle mouche a bien pu vous piquer.
Pourquoi donc avoir décidé, sans consultation aucune de vos administrés, sans préalable ni précaution, de rétablir cette horreur de corrida dans vos arènes ?

Demain, Pérols va se retrouver indissolublement liée à la cruauté


Chacun sait bien que la corrida, c’’est moche, sale, violent, sanguinolent, que cela n’a rien à voir avec la culture ni l’art puisqu’il s’agit de torturer lentement et cruellement des animaux splendides.

En voulant accueillir à nouveau, en ce qui fut un lieu de bonheur et de grâce, plus de vingt ans après qu’elles en ont disparu, ces séances mortifères, vous allez en marquer à jamais votre village au fer rouge.
Pérols, que chacun chérit depuis toujours et pour l’éternité, à la suite de cette décision invraisemblable, va, en effet, se retrouver indissolublement liée à la cruauté.

Alors que tout un chacun va, aujourd’hui, en se détachant de cette activité déshonorante, que de moins en moins de corridas ont lieu en France, que leur public s’étiole, que les recettes en fondent comme neige au soleil, que 81% des français refusent cette mise à mort d’animaux, en quoi s’avère-t-il indispensable de reprogrammer pareille horreur ?
Qui va gagner une mauvaise réputation en cette affaire ?

Débattons ensemble monsieur le maire !

Par delà les dépenses à engager, les déficits à annoncer, l’image abîmée à venir de votre ville, l’indéniable salissure apportée par une infâme vieillerie qui n’a plus cours, les flaques de sang maculant le sable blond où Sylvie chantait qu’elle était la plus belle pour aller danser, que cherchez-vous donc ?
Je me propose de vous poser cette question et d’autres, lors d’un débat que je souhaite public, que Midi Libre organisera à une date de votre choix, dans ses locaux du Mas de Grille.

Personne ne peut oser imaginer que vous puissiez vous dérober à cette rencontre voulue courtoise, franche et honnête, sur le thème du « Retour de la corrida ? ».
Je vous attends donc, seul ou accompagné de qui vous le voulez. Si vous êtes plusieurs, si j’ose dire, je demanderai à Claire Starozinski présidente de l’Alliance anticorrida, d’être à mes côtés pour dialoguer avec vous.

Dans l’attente de vous lire et dans l’attente, il va sans dire, d’une réponse favorable de votre part, je vous prie de croire, monsieur le maire, en l’assurance de mes salutations distinguées.

Henry-Jean Servat